Parution du titre « Notre langue française »
Conçue, à l’origine, pour être écrite avant d’être parlée, la langue française a toujours obéi à une double vocation, politique et esthétique. Politique par sa volonté d’égalité vers le haut, esthétique par sa dimension foncièrement littéraire.
Des Serments de Strasbourg à l’ordonnance de Villers-Cotterêts, du bouillonnement de la Pléiade à la rigueur de Malherbe louée des siècles plus tard par Francis Ponge, ce riche essai traverse, pour s’en émerveiller, l’histoire de notre langue – possessif pluriel en forme de prière laïque. Car l’auteur s’inquiète. il craint que la standardisation, l’obsession de l’égalité par le bas, la technicité triomphante, la novlangue, le déracinement, ne portent au français un coup fatal.
Indifférent aux habituels procès en passéisme, il soutient que la progressive rupture du lien qui unit notre langue à ses origines politique et littéraire va, dans un proche avenir, ruiner sa vigueur, son esprit, son génie. Que nous la privons de son pouvoir émancipateur en abandonnant la quête d’exigence et de beauté qui a fait sa force. Et que, si nous continuons de la saccager, nous détruirons avec elle non seulement notre idéal républicain et notre culture, mais notre civilisation elle-même.